Filtres plantés de roseaux : une solution d’avenir
Depuis bientôt dix ans, GSM Lorraine-Champagne livre un type particulier de chantiers d’assainissement : des bassins filtrants, composés de différentes couches d’agrégats et plantés de roseaux. Un traitement naturel, aux multiples avantages, mais qui demande des matériaux bien spécifiques.
Le principe des filtres plantés de roseaux est simple : les eaux à traiter sont introduites à la surface d’un bassin filtrant, composé de plusieurs couches d’agrégats de plus ou moins gros calibre. Sur la couche de surface poussent des roseaux, qui abritent entre leurs racines des bactéries capables de se nourrir des résidus présents dans les eaux usées.
« GSM a fait le choix de livrer ces chantiers, complexes mais tournés vers demain. » Julien Clavier
Le dispositif assure donc une filtration mécanique par les agrégats, qui agissent comme un tamis, ainsi qu’une dégradation biologique des impuretés par l’action des bactéries. L’eau traitée est récupérée au fond du bassin et réinjectée dans le milieu naturel via une noue* ou dirigée vers un autre bassin si elle nécessite un cycle de filtration supplémentaire.
« Le mode d’action est simple, mais pour que l’installation fonctionne de manière optimale, l’équilibre granulométrique des agrégats doit être finement ajusté, souligne Julien Clavier. Le filtre se compose de trois strates : une couche filtrante en granulats 0/4 ou 2/6 en surface, une couche de transition en 4/22, et une couche drainante au fond, constituée de galets lavés 22/80. L’eau doit traverser la couche filtrante à une vitesse précise, et la couche de transition doit empêcher les granulats fins de la surface de venir colmater l’étage drainant du fond. »
Des granulats bien particuliers
Parce que les eaux usées peuvent être acides et que les bactéries apprécient cette acidité, les matériaux calcaires, qui constituent la majorité des gisements alluvionnaires de France, ne sont pas adaptés à la réalisation des filtres plantés de roseaux.
Avec ses sites alluvionnaires siliceux, présentant de faibles taux de calcaire, GSM Lorraine-Champagne fait partie des rares fournisseurs de granulats capables de répondre aux besoins de ces bassins. Les carrières de Velle-sur-Moselle et de Vigneulles (54) livrent en Alsace, Lorraine, Champagne, et jusqu’à l’est de la région parisienne. Elles ont même approvisionné quelques chantiers plus à l’ouest, dans la zone du Touquet (62), et alimentent aussi les Ardennes belges.
Un défi relevé
« Voilà dix ans que GSM a fait le choix de livrer ce type de projets, précise Julien Clavier. Peu de carriers le font, notamment parce que la production de la fraction 2/6 est très contraignante pour une carrière. Cette fraction représente cependant près d’un tiers des besoins d’une station de filtration plantée de roseaux. »
Il y a encore quelques années, les matériaux devaient tous être roulés. Mais grâce au travail mené en concertation par les producteurs de granulats et l’Agence de l’Eau Rhin Meuse, il est désormais possible, et même préconisé, d’utiliser des matériaux semi-concassés. Les carrières de Velle-sur-Moselle et Vigneulles se sont donc équipées pour recomposer du 2/6 à partir de fractions plus grosses. « Cela permet une gestion plus durable des ressources alluvionnaires, dans un contexte où la demande va s’accroître pour cette application, conclut Julien Clavier. Les directives européennes exigent que toutes les communes soient dotées d’un système d’assainissement. Aujourd’hui, en France, seules 60 % le sont, et la Belgique commence tout juste à s’équiper. Il reste donc au moins dix ans de chantiers à venir. »
* Dépression du sol servant au recueil, à l’évacuation ou à l’infiltration des eaux pluviales